Laurent Testot, « Cataclysmes. Une histoire environnementale de l’humanité »

« Cataclysmes », ce livre monumental de Laurent Testot, relève comme « Sapiens : une brève histoire de l’humanité » de Yuval Noah Harari, de ce qu’on appelle l’histoire globale.

« L’histoire globale peut être définie comme une méthode permettant d’explorer le champ de l’histoire mondiale, soit l’ensemble des passés de l’humanité, de ses débuts balbutiants en Afrique voici trois millions d’années à la globalisation contemporaine » (p. 14). PASSIONNANT !

Et en effet, le livre s’ouvre en Afrique il y a 3 millions d’années, pour se refermer en 2017 au moment de sa première parution.

Nous suivons ainsi « Singe », le personnage conceptuel symbolisant l’humanité, devenir Homo sapiens (mais restant bien, tout comme nous, un animal, un mammifère, plus précisément un primate), commencer à utiliser le feu et des outils, développer la chasse puis l’agriculture, fondant des villages, puis des villes, inventant les religions, l’écriture, l’imprimerie, des techniques lui permettant d’utiliser les énergies renouvelables (à l’époque où nous fonctionnions au 100% renouvelable), puis les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) et enfin l’énergie nucléaire…

Nous voyons aussi « Singe » développer le commerce, la monnaie, les banques, le commerce international (depuis très très longtemps), le capitalisme dont l’essor s’est appuyé majoritairement sur l’esclavage industrialisé, la traite négrière, le dépouillement des colonies. Les guerres aussi se sont industrialisées, ainsi que les morts qui vont avec.

Et la principale guerre qu’a mené « Singe », celle où ses différentes populations ont toujours été sur la même ligne de front, c’est avant tout celle qu’il a mené contre le vivant. Exterminer les animaux et les forêts, d’abord de manière artisanale, pour survivre, puis, au fil des siècles, de manière de plus en plus efficace et innovante, pour nourrir l’appétit de quelques uns et laisser des miettes aux autres.

Les dernières pages sont peut-être les plus sensibles car elles traitent de notre présent avec de fait moins de recul historique. Certaines emphases sur certains sujets sont sans doute dûes aux engagements de l’auteur, mais ne me semblent en tout cas pas aller totalement à l’encontre des connaissances scientifiques dont on dispose aujourd’hui.

Ce livre est donc un voyage à la vitesse de la lumière passionnant, des premiers feux de bois au coeur des villages du paléolithique aux centrales nucléaires alimentant nos mégalopoles. Nous voilà aujourd’hui au pied du mur : qu’allons nous pouvoir faire de cette megamachine ?

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