Pierre Madelin, « Faut-il en finir avec la civilisation ? Primitivisme et effondrement »

Un livre court mais tout à fait utile.

Tout d’abord il faut savoir que ce livre est une critique des théories primitivistes. Mais son but n’est absolument pas de démolir celles-ci.

Au contraire, Pierre Madelin va d’abord s’appuyer sur la pensée de Paul Shepard (notamment à travers son ouvrage « Retour aux sources du Pléistocène ») pour en esquisser les contours.

Puis il va s’attacher à en montrer les contresens d’un point de vue scientifique et les limites d’un point de vue philosophique et politique.

Mais ce livre est aussi l’occasion de souligner les mérites des théories primitivistes qui « posent des questions cruciales, intellectuellement et politiquement très stimulantes » :

« Le premier grand mérite des primitivistes est de soulever des interrogations macrohistoriques, ayant trait à l’histoire universelle, que la plupart des historiens et des anthropologues, par crainte de s’éloigner de leurs domaines de compétences scientifiques, évitent de se poser ».

« Le second grand mérite du primitivisme, […] c’est qu’il est un des rares courants de la pensée écologiste – avec l’écologie sociale et l’éco-féminisme, et peut-être désormais avec l’écologie dite « décoloniale » – qui ait perçu avec une telle acuité à quel point la domination de la nature et la domination de certains groupes d’êtres humains par d’autres étaient liées ».

« Enfin, le troisième grand mérite du primitivisme est d’avoir souligné, dans la continuité d’une longue tradition américaine, à quel point il était important de préserver « la part sauvage du monde » ».

Un livre donc qui extrait le meilleur du primitivisme mais le nuance en soulignant ses limites.

J’ai particulièrement apprécié dans la deuxième partie les passages qui traitent des problèmes, historiques et actuels, inhérents à la création de parc nationaux.

On notera que Nicolas Casaux (rédacteur clivant mais sans concession et aux textes toujours stimulants du site Le Partage) a participé à la relecture de ce manuscrit.

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