Theodore J. Kaczynski, « Révolution Anti-tech. Pourquoi et comment ? »

Je ne présenterai pas Theodore Kaczynski. Il y a une page Wikipédia pour cela (le lien pointe vers la page en langue anglaise). Je me contenterai seulement d’en reprendre ce passage : « James Q. Wilson, dans un éditorial du New York Times de 1998, écrit : « Si c’est l’œuvre d’un fou, alors les écrits de nombreux auteurs de philosophie politique – Jean Jacques Rousseau, Tom Paine, Karl Marx – ne sont guère plus sains. » »

Les deux premiers chapitres constituent une première partie sous forme de constat. La lecture est exigeante parce que la pensée est radicale. On en attendait pas moins de Kaczynski. L’argumentation est cohérente mais malaisante ; le déni étant souvent bien plus confortable.

Les deux chapitres suivants forment une seconde partie dédiée à l’analyse des mouvements révolutionnaires du passé et comment s’appuyer dessus pour réussir la révolution anti-tech que Kaczynski appelle de ses vœux.

Dans l’ensemble, certaines démonstrations manquent peut-être de robustesse car elles ne me semblent pas suivre les connaissances scientifiques à notre disposition aujourd’hui. Et, là où la science avance prudemment (trop parfois ?), au conditionnel, Kaczynski pose des postulats. Mais c’est aussi ce qui fait la force du texte. Qui, d’ailleurs, hormis les scientifiques, avancent des choses avec prudence ? Pas les politiques. Pas les vendeurs de rêves de tous bords.

Ivan Illich, Ray Kurzweil, Jeremy Rifkin et Naomi Klein sont balayés en seulement deux pages. De grands naïfs, de doux rêveurs ou de parfaits hypocrites. Les écolo-bisounours et les techno-solutionnistes béats seront renvoyés dos à dos. On se plaît à imaginer ce qu’il aurait pu dire d’Elon Musk ou de Jeff Bezos (et de tant d’autres).

Un livre dont certains passages sont tout à fait stimulants. On y trouve une réflexion à la fois puissante, radicale et glaciale ; par-delà bien et mal.

C’est d’ailleurs peut-être ce que je pourrais reprocher à l’auteur. Lui qui critique la technologie semble parfois davantage penser comme un robot que comme un être humain. Et ce qui fait l’humain, en dehors d’être trop humain, c’est aussi la nuance.

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