Benoît Coquard, « Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin »

Le terme de « France périphérique », repris à droite comme à gauche et souvent mal compris par ceux qui l’emploient, ne peut rendre compte de la multiplicité et des spécificités des territoires.

En dehors des grandes métropoles, les campagnes peuvent être attractives et dynamiques économiquement (Côte d’Azur, vignoble de Bourgogne…) ou en déclin comme dans le grand Est étudié dans ce livre (Meuse, Haute-Marne, Vosges…), notamment du fait de la désindustrialisation.

Si la démographie y est vieillissante, c’est avant tout que les jeunes qui peuvent et veulent faire des études supérieures partent vers les grandes villes universitaires pour ne plus revenir. Un véritable exode rural, aussi important, sinon plus, qu’à l’après guerre. Et il y a « Ceux qui restent ».

« Faire sa vie dans les campagnes en déclin » signifie vivre dans des territoires où les possibilités d’emplois diminuent sans cesse, où les services publics sont de plus en plus délocalisés vers les grandes villes, où la population est de plus en plus clairsemée, où les commerces de centre ville ferment les uns après les autres. Où la voiture est indispensable à chaque moment de la vie.

« Faire sa vie dans les campagnes en déclin » c’est aussi accéder à la propriété plus jeune (prix moyen du m² pour une maison en Haute-Marne : 979 €), se marier et avoir des enfants plus jeune.

Le manque factuel d’emploi crée tant des tensions que des solidarités. Les emplois des femmes sont davantage précaires. La débrouille et les combines deviennent nécessaires.

On ne va plus aux bals populaires, au bistrot ou en discothèque – il n’y en a plus. On fait des soirées à la maison, « entre potes ». Les « activités » principales des hommes sont le foot, la chasse et les coups de mains aux potes, moments importants de socialisation.

On est fier de ses traditions sans bien voir qu’elles n’ont plus grand chose à voir avec celles de ses parents ou grands-parents. L’étranger, c’est tant le Parisien que l’immigré. On aime pas trop les gens à la couleur de peau différente mais on aime bien ses potes de couleur.

Une vie que l’on pourrait résumer par ce titre de film : « La vie est dure, nous aussi ».

Présenté ainsi, cet inventaire à la Prévert ne présente que des clichés. La lecture de ce livre est ce qui permet de s’en extraire.

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